Maître Charles Evrard
23 avr. 2021
Tribunal correctionnel de Blois
Dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, un entrepreneur en travaux publics se rend sur le site où est entreposé son matériel, à Saint-Laurent-Nouan. Armé d’un fusil, il se cache derrière un talus, prêt à accueillir les voyous qui, le midi même, ont encore volé le carburant de son tractopelle.
« Cela faisait penser au Far-West »
De fait, trois jeunes arrivent en voiture. L’un d’eux en sort avec un bidon et grimpe sur l’engin pour le siphonner. L’entrepreneur lui décoche une première balle en caoutchouc à l’épaule, qui le fait chuter. Le jeune homme se précipite alors vers son véhicule, dont les deux autres se sont enfuis.
L’entrepreneur, qui a entre-temps troqué le caoutchouc pour du plomb, tire plusieurs balles dans les pneus de la voiture du voleur, puis, lancé à sa poursuite, une autre dans la carrosserie.
« Cela fait penser au Far-West », note le président du tribunal, Christophe Gérot, lors de l’examen de l’affaire le 14 avril. « Je regrette ce que j’ai fait, répond l’entrepreneur de 36 ans. J’étais excédé par les vols à répétition, mais je n’ai voulu blesser personne. » Les larcins, explique-t-il, duraient depuis trois ans et se produisaient environ deux fois par semaine, de sorte qu’il avait fini par se lasser d’aller porter plainte.
« Les voleurs prenaient son site pour une station-service », relève son avocat, Me Charles Evrard. Il demande à ce que son client, quasi-inconnu de la justice, bénéficie d’un ajournement de peine, voire d’une dispense. Il sollicite également 1.000 € en réparation de son préjudice moral.
L’avocate du voleur, Me Éléonore Terrien-Freneau, s’en offusque. « Le préjudice moral, il est pour mon client qui a cru mourir », s’exclame-t-elle en sollicitant l’euro symbolique. Quant à la peine, elle demande à ce que le jeune homme de 24 ans soit condamné à effectuer un travail d’intérêt général (TIG).
Considérant qu’il a sept condamnations à son casier, notamment pour des vols qui l’ont déjà conduit en prison, la représentante du ministère public, Chantal Moulin-Bernard, requiert trois mois fermes. Quant à l’entrepreneur, « qui a essayé de faire justice lui-même », elle propose quatre mois avec sursis. Le tribunal l’a condamné à six mois, et à verser 1 € symbolique au jeune homme – qui a quant à lui écopé de trois mois assortis d’un sursis probatoire, et devra verser 200 € à l’entrepreneur au titre de son préjudice moral.
Article à retrouver en intégralité sur le site du journal la Nouvelle République :
Charles EVRARD
Avocat pénaliste
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